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Comité diocésain pour les rapprochements interreligieux

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Responsable diocésain

de l'interreligieux

 

 

Rémi Bourdon

rémi.bourdon@dsjl.org

450 679-1100, poste 239

Écrit par Mgr Jacques Berthelet, C.S.V., évêque émérite du diocèse de Saint-Jean-Longueuil, le 27 août 2008

 

Nous ne pouvons plus ignorer la réalité pluriculturelle et plurireligieuse de notre diocèse. De plus en plus, on parle des enjeux de l'interreligieux pour la construction de nos sociétés modernes. Alors que plusieurs auraient souhaité enfermer la religion dans la sphère du privé, voilà qu'elle revient sur la sellette par un biais inattendu. Ce sont nos nouveaux concitoyens qui la remettent à l'ordre du jour des débats de société. Le débat sur la question des accommodements nous l'a abondamment illustré. Le rapport entre les religions et la société est devenu un incontournable.

En octobre 2005, dans le cadre de la Journée mondiale du refus de la misère, le Service de promotion humaine avait invité quelques témoins d'horizons religieux différents à exposer la vision de leur tradition spirituelle concernant le phénomène de la misère. Devant l'intérêt suscité par cette activité, un comité avait tenté d'assurer un certain suivi. Constatant les tâtonnements et les difficultés éprouvées par ce premier comité, j'ai alors nommé trois personnes avec le mandat de voir quelles pourraient être les voies possibles pour mettre en place des activités régulières de rapprochements interreligieux. Ce comité a depuis proposé quelques activités. Il y a eu le Week-end de la Paix à l'automne 2007 à la cocathédrale et le Jour de la Terre en avril 2008, avec la collaboration de la paroisse La Bienheureuse Marie-Rose Durocher. J'ai participé à ces deux événements.

 

 

Comme diocèse, nous ne nous lançons pas, pour le moment, dans un dialogue théologique avec les grandes religions. Nous préférons susciter des événements de rapprochements qui nous conduiront peut-être à autre chose. C'est le mandat que j'ai confié à ce comité qui est actuellement formé de mesdames Yvonne Demers, Annie Lussier, Micheline Trépanier, de l'abbé Yves Le Pain et de monsieur Daniel Prévost.

Je vous fais connaître ce comité comme un comité diocésain qui continuera de vous proposer des activités de cet ordre. Les prochaines activités vous seront proposées bientôt. Je vous invite dès maintenant à participer à la prochaine activité : il s'agit de La Vigile pour la Paix, samedi le 20 septembre 2008, à 19 h 30, à la cocathédrale Saint-Antoine-de-Padoue. Je participerai personnellement à cette Vigile et je vous invite à vous joindre à moi pour vivre cette expérience. J'ai demandé au comité des rapprochements interreligieux d'inviter, en mon nom, des représentants d'autres horizons religieux à se rassembler avec nous. Dans le cadre des fêtes du 75e de notre diocèse, ce sera une belle occasion pour nous tous, membres de diverses religions, de nous rassembler, d'être ensemble pour réfléchir et prier, chacun selon ses traditions respectives. Ce sera un geste d'engagement en faveur de la Paix, un geste simple et modeste, sans doute, mais un geste qui revêtira une grande signification du fait qu'il exprimera qu'au-delà de nos différences, nous nous reconnaissons dans un attachement partagé à la Paix. C'est déjà énorme! Je vous attends en grand nombre.

Pour en savoir davantage sur le CRDI

  • L'expérience du CRDI
  • La route de la Paix
  • La vigile spirituelle interreligieuse pour la paix 

L'expérience du CRDI

Le samedi 15 mai 2010, à Saint-Lambert, lors du déjeuner-causerie de la Commission diocésaine pour l’unité des chrétiens, Micheline Trépanier a partagé l’expérience du Comité diocésain des rapprochements interreligieux (CDRI).


1.    Comment est né le projet du Comité diocésain des rapprochements interreligieux?

Je pense qu’à l’origine de tout projet il y a un élément déclencheur, un contexte qui s’y prête et des personnes qui croient assez au projet pour accepter d’en être le groupe porteur. Pour nous, ce fut en 2004 alors que j’étais présidente du conseil d’administration du Service de promotion humaine (SPH), service qui s’occupe de la  pastorale sociale dans le diocèse de Saint-Jean-Longueuil.

Un événement m’a d’abord interpelée personnellement lors d’une rencontre d’évaluation. Le responsable du SPH nous informait de ce qui se faisait dans les  paroisses pour venir en aide aux  personnes démunies et il nous rapporta que des bénévoles catholiques sur le terrain se posaient la question suivante :  « Est-il permis,  à nous catholiques, de donner  à des musulmans? »  J’ai été très étonnée car pour moi il était évident que la faim et la pauvreté  n’avaient ni nationalité, ni religion.  J’y  voyais là  un malheureux relent  d’une certaine Église qui fut la nôtre, convaincue de détenir toute la vérité. Je me suis souvenu de mon enfance. Permettez-moi le détour d’une anecdote qui n’est pas sans intérêt pour notre sujet : je suis née d’une mère protestante et d’un père catholique. Un vendredi par mois, à mon école primaire, nous allions en groupe/classe à la confesse. Une heure avant de traverser à l’église voisine, les religieuses nous distribuaient un petit carnet intitulé Mon examen de conscience  pour  nous aider à identifier les péchés que nous allions avouer au prêtre. Nous avions le choix dans une série de comportements identifiés comme étant des péchés. Voilà qu’au bas de  la page X, à gauche, je tombe sur « Je m’accuse d’avoir joué avec des enfants protestants.» Vous imaginez mon drame  d’enfant? Moi je jouais tous les jours avec des petits protestants après l’école. Nous partagions la même cour chez ma grand-mère  maternelle où nous habitions. Elle louait aussi des logements à ses amis de foi protestante. Je ne voulais plus  aller jouer dehors, ma mère s’est inquiété de ma tristesse et le petit carnet a fini par disparaître! C’était en 1953 et c’est ma grand-mère qui m’a expliqué que ça ne se pouvait pas que Jésus n’aime pas les petits protestants et que si des religieuses aussi gentilles me donnaient ce carnet, c’est que cela était encore un secret pour elles. Je me suis sentie très fière de porter un secret que les soeurs ignoraient encore et je n’ai pas été traumatisée. J’ai en quelque sorte grandi dans l’interreligieux. Ma grand-mère maternelle m’amenait parfois à la « Mitaine » (meeting house) et j’ai appris  jeune ce que voulait dire « suivre sa conscience ».

Alors voilà qu’en 2004, avec la question  «Est-il permis à nous catholiques de donner à des musulmans?», je me retrouvais cette fois, non plus avec le péché de jouer avec des protestants mais peut-être avec celui de donner à des musulmans. Quand nous érigeons ainsi des murs entre les religions, nous sommes pas mal loin de l’Évangile. Rappelons-nous la rencontre de Jésus avec la Samaritaine : où faut-il adorer Dieu, sur la Montagne ou à Jérusalem? Nous nous souvenons que la réponse de Jésus était sans équivoque :  « L’heure vient où ce n’est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père, mais en esprit et en vérité.» Jésus venait d’abolir ainsi la dichotomie de  la montagne et du temple en situant le lieu essentiel de la rencontre de Dieu au plus profond des esprits et des cœurs. Il nous est donc permis de croire encore aujourd’hui que toutes les montagnes et tous les temples ne sont que des moyens soumis au même impératif : aider tout être humain à trouver le chemin de sa conscience et de son cœur pour y adorer Dieu en esprit et en vérité. Assez étonnant donc de se demander en 2004 s’il était  permis à des catholiques de donner à des musulmans. Cette question m’a beaucoup travaillée. Pourtant notre Église avait déjà énormément changé en 2004 quant à son rapport  aux autres religions ( lire la  citation de Nostra Aetate de 1965) donc, une si belle déclaration, douze ans après mon péché d’avoir joué avec des enfants protestants, mais tout de même quarante ans avant la fameuse question  «Est-il permis à nous catholiques de donner à des musulmans?» C’est donc dire que durant tout ce temps, le message de Nostra Aetate ne s’était  pas encore rendu  à  monsieur et madame tout le monde catholique !

Alors, je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose, promotion humaine oblige, afin de ne plus jamais avoir à entendre cette question et j’ai proposé que nous ajoutions un volet « rapprochements interreligieux » au plan d’action du SPH. Il y eut une première activité en octobre 2005, un panel interreligieux  à l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère. Aux témoins de quatre religions (Bouddhisme, Christianisme, Judaïsme et Islam) nous demandions de quelle misère parlons-nous et que propose nos diverses communautés de foi pour faire reculer les frontières de cette misère? Ce  panel a suscité beaucoup d’intérêt et nous espérions que cette première approche nous permettrait de continuer à travailler ensemble, question de mettre à profit les richesses humaines et spirituelles de nos traditions religieuses respectives pour nous attaquer à des problèmes qui concernent  toutes les religions : la pauvreté, la survie de la planète, la paix dans le monde, etc...

Nous avons rapidement constaté que c’était beaucoup trop tôt et qu’il nous faudrait commencer par une bonne période d’apprivoisement entre les diverses religions avant d’espérer travailler ensemble sur des problématiques sociales. C’est dans ce contexte que nous avons pris la décision de faire de la question des rapprochements interreligieux un projet indépendant du SPH, pour un certain temps du moins. Il était cependant important de garder un lien avec l’Église diocésaine et c’est à ce moment-là que Mgr Jacques Berthelet, évêque du diocèse de Saint-Jean-Longueuil, a nommé l’abbé Yves Le Pain répondant diocésain pour les rapprochements interreligieux. À cette période, nous étions trois de la communauté catholique à poursuivre des rencontres régulières avec des croyants des communautés juive, musulmane et bouddhique : l’abbé Yves le Pain, maintenant curé à la cocathédrale Saint-Antoine-de-Padoue de Longueuil, Yvonne Demers qui était coordonnatrice à l’Unité pastorale Le Bon Pasteur et moi-même. Durant toute l’année 2006, ce fut une période d’apprivoisement, d’exploration et, disons-le, de tâtonnements. Nous y reviendrons plus loin quand je vous parlerai des difficultés  rencontrées.

2.    Les membres actuels du comité

Nous sommes six actuellement. À Yvonne Demers, Yves Le Pain et moi, trois autres se sont ajoutés depuis 2007. Il s’agit de Annie Lussier, coordonnatrice à l’Unité pastorale de Boucherville, Daniel Prévost, agent de pastorale au Phare de Longueuil et à l’Unité pastorale de Boucherville et Adèle Brodeur, une diocésaine de Brossard que plusieurs connaissent. En plus d’être professeure au Grand séminaire de Montréal, elle est également directrice adjointe au Centre œcuménique canadien à Montréal.

3.    Le mandat du comité (référence à l’écrit  de Mgr Berthelet)

Essentiellement deux choses : soutenir et accompagner les personnes qui s’engagent dans les rapprochements interreligieux et organiser nous-mêmes des activités régulières de rapprochement interreligieux. Ce qui nous conduira peut-être à autre chose comme le disait Mgr Berthelet.


4.    Concrètement, nos approches avec les autres religions

  • En définissant d’abord ce pourquoi nous voulions approcher d’autres religions. Cela nous a permis d’adapter l’approche selon l’objectif. Par exemple, pour le panel d’octobre 2005, plus facile car nous avions une demande précise et cela a pu se régler au téléphone et par courriel. Mais pour constituer un groupe d’exploration après le panel, nous avons privilégié une rencontre autour d’une collation et café en demandant à nos partenaires du panel d’inviter cette fois une ou deux personnes de leur communauté.
  • En sollicitant la contribution des autres traditions religieuses à partir de réalités qui peuvent, et je dirais même qui doivent, concerner toutes les religions : la Journée mondiale du refus de la misère, la Journée internationale de la Paix, le Jour de la Terre.
  • En procédant par des contacts. Personnellement, j’avais pu me constituer déjà une bonne banque de contacts au cours de ma carrière d’enseignante, mais il y a un commencement partout et on peut toujours en trouver. Rien de mieux que d’aller dans un champ de lavande pour trouver de la lavande ! C’est ce que nous avons fait en allant sur le terrain des autres religions.

5.    Quelques exemples d’activités

Automne 2007 (20-23 septembre) : Week-end de la Paix : spectacle, marche aux flambeaux, célébration interreligieuse.
Printemps 2008 (20 avril) : célébration interreligieuse du Jour de la Terre avec la paroisse La Bienheureuse Marie-Rose Durocher, de Greenfield Park : table ronde4 et temps de prière interreligieuse.
Automne 2008 (29 septembre) : Vigile interreligieuse pour la paix : précision et annonce de la formation du Comité diocésain des rapprochements interreligieux (CDRI) par Mgr Berthelet et lancement du projet La Route de la Paix.

La Route de la Paix

16 novembre 2008 – Halte à la Mosquée
8 mars 2009 – Témoignage-rencontre « Statut de la femme dans l’Islam » à la Mosquée     (collaboration à l’initiative de la communauté musulmane)
25 avril 2009 – Halte à Odanak (spiritualité amérindienne)
30 octobre 2009  – Halte à la Synagogue
8 mai 2010 – Halte au temple bouddhiste

6.    Bon coups et difficultés
 

Les principales difficultés:

  • Au niveau de la méthode : j’évoquais précédemment les tâtonnements de l’année 2006. Notre principale difficulté a été de vouloir travailler avec quatre religions autour de la même table pour élaborer un projet susceptible de convenir à tous. Les rencontres n’étaient pas sans intérêt, mais après plusieurs tentatives infructueuses nous avons réalisé que nous étions dans une impasse en regard de notre objectif. Nous avons alors décidé de former notre propre comité  pour planifier et élaborer des activités pour lesquelles nous allions ensuite solliciter la contribution de nos partenaires des autres religions. En nous retirant de cette table, nous les avons assurés que nous serions heureux  de participer à de telles initiatives provenant de leurs communautés.
  • Difficulté aussi simple de planifier un moment pour nous rencontrer et une période de l’année qui convient à tous. Nous n’avons pas le même jour du Seigneur pour ainsi dire : le vendredi, c’est difficile pour les juifs et pour les musulmans et le dimanche, c’est difficile pour les catholiques. Il en est de même pour les temps de l’année reliés aux grandes fêtes religieuses.
  • Difficultés reliées aux  différentes cultures en présence : on ne travaille pas de la même façon, nous n’avons pas le même rapport au temps, pas les mêmes exigences de planification, pas la même langue de communication, pas toujours les mêmes buts. Difficile d’avoir les coudées franches quand on nous dit de nous méfier. Difficile de trouver l’équilibre entre la nécessaire adaptation mais aussi la légitime réciprocité.
  • Difficultés reliées à la représentativité des personnes avec qui nous travaillons. Qui dit quoi au nom de qui? Peut-on s’y fier? Particulièrement difficile avec l’Islam. Le dialogue ne signifie pas la même chose pour les catholiques que nous sommes, les musulmans qui gravitent autour de la mosquée et d’autres musulmans qui s’en méfient. Nous savons qu’il y a souvent des jeux politiques sous le couvert de rapports cordiaux, mais nous ne savons pas nécessairement quand il y a risque de récupération, risque de cautionner sans le vouloir. La réciprocité est difficile : ils s’attendent à  ce que nous soyons intéressés à connaître leur religion mais sans nécessairement montrer de l’intérêt pour la nôtre. Ils réclament la tolérance mais certains tentent d’imposer leur règle : par exemple, on demande à Yves Le Pain de ne pas porter de croix sur son veston pour le repas du Iftar à la mosquée. Les mots ne signifient pas la même chose pour tous (ex : notre expérience à Odanak concernant la spiritualité amérindienne.) Difficile de nous situer concernant les points sensibles chez nos vis-à vis tels le statut de la femme en Islam, l’attitude d’Israël envers la Palestine. Ne rien dire peut signifier cautionner. Afficher nos couleurs peut produire chez eux une réaction de repli identitaire, un durcissement (exemple : les murs érigés pour la place des femmes après le 8 mars à la Mosquée). Bref, il faut apprendre à décoder, à mieux nous expliquer, à modifier certaines de nos habitudes de travail pour nous adapter, à nous affirmer quand une demande est irrecevable, à demander conseil (Mme Fatima Houda-Pépin pour l’Islam) et surtout à toujours faire œuvre de discernement. Il faut retenir qu’être ouverts et accueillants ne signifie pas être naïfs.

Les bons coups

Je vous dirai d’abord que je considère les activités énumérées au point 5 comme étant des bons coups. Pour le reste, j’en ajouterai trois autres en explicitant.

  • La composition de notre équipe ( les bonnes personnes à la bonne place).
  • La décision, en 2006, de prendre le leadership du projet et de rester maître de notre agenda tout en invitant les autres traditions religieuses à nous proposer également des activités interreligieuses. Nous avons réalisé sept activités interreligieuses depuis 2007 et nous avons contribué à une sur invitation. Si nous étions demeurés à la première table, nous avons la conviction que notre feuille de route serait moins bien garnie.
  •  L’option pour les petits pas mais de façon constante. Par exemple, la planification d’un projet continu comme La Route de la Paix  où on retrouve une centaine de personnes à chaque halte et pas toujours les mêmes, tout en  gardant la possibilité de plus grands rassemblements faisant appel à plusieurs religions à la fois  (Week-end de la Paix, Vigile, table ronde  du Jour de la Terre). La constance est importante pour implanter la réalité des rapprochements interreligieux dans le paysage social  et non seulement ecclésial.


7.    Prospectives

Nous n’avons pas pris de décision finale encore. Je vous parlerai donc, sous toute réserve, de ce qu’il y a dans l’air comme idées sur lesquelles nous ferons du pouce. Je  vous prie donc de ne pas faire d’annonce concernant ces projets qui peuvent toujours disparaître ou se modifier.

Des idées sur la planche

Automne 2010 : une dernière halte de La Route de la Paix au Temple hindou.

Printemps 2011 : un happening spirituel qui viserait à rassembler toutes les personnes qui auront vécu les haltes et les ressources de toutes les religions qui ont été concernées pour clôturer les haltes de La Route de la Paix. Débuter par « un social » et poursuivre par une veillée de chants sacrés propres à chacune des religions

Expo d’art religieux, spectacle, etc, nous explorerons ces voies...  et d’autres !

Ensuite, nous souhaitons franchir l’étape de la première approche (les haltes dans les communautés) pour aller vers l’approfondissement  de l’expérience spirituelle propre à chaque tradition religieuse. Cela pourrait prendre la forme de soirées thématiques par deux religions à la fois.

Par exemple :

  • Le pardon dans le christianisme et dans l’Islam (une soirée)
  • Le travail de l’Esprit pour un amérindien et pour un chrétien (une autre soirée).


Notez bien que rien n’est arrêté encore ...  peut-être tout à fait autres choses !

Micheline Trépanier
conférencière invitée
Le 15 mai 2010

La route de la Paix

Il s'agit d'un itinéraire qui invite à aller à la rencontre de l’autre, à prendre le temps de marcher quelques heures dans ses souliers en laissant préjugés et idées reçues dans la soute à bagages. Plus précisément, il s’agit de visites organisées dans les communautés de différentes religions présentes sur le territoire du diocèse de Saint-Jean-Longueuil et aux environs.

Ces activités interreligieuses que nous appelons «Haltes de la Route de la Paix » sont organisées par le comité diocésain des rapprochements interreligieux (CDRI) du diocèse. 

Les photos des différents événements sont disponibles sur Facebook.

Visite au temple bouddhiste, mai 2010

Environ 90 personnes de partout dans le diocèse, la plupart déjà engagées sur la Route de la Paix entreprise en septembre 2008, ont été reçues, le samedi 8 mai dernier, par des membres de la communauté bouddhique vietnamienne de la Rive-Sud. Le Temple Liên Hoa, situé sur le boulevard Provencher, à Brossard, était plein à craquer. L’intrigant Bouddha, dans son sanctuaire illuminé de dorures et orné de fruits et de fleurs, semblait imposer le respect et le recueillement. Il semblait surtout inviter au silence et à l’écoute.

Il en fallait du silence et de l’écoute attentive pour suivre cette petite voix fragilisée par la maladie et le grand âge de notre guide pour l’avant-midi, Dr. Tan Hong N’Guyen,  88 ans. Celui-ci, avec toute la lucidité, l’humilité et la sagesse qui le caractérisent, nous a entretenus sur  les grandes vérités du bouddhisme et sur les chemins qui mènent à la pleine conscience, à l’Éveil.

Le Vénérable moine Tchich Chan a ensuite conduit la prière accompagné de deux membres de la communauté. Les gongs rythmaient les chants tandis que dansaient les volutes émanant des bâtons d’encens. Un regret à ce chapitre, c’est de n’avoir eu aucune explication sur le rituel qui se déroulait en langue étrangère.

L’heure du départ ayant sonné, quelques personnes seulement ont bénéficié des informations sur la salle des ancêtres située au premier plancher où les photos de tous les parents et amis défunts sont exposées. Dans la salle à manger du sous-sol, où s’affairaient quelques bénévoles pour le repas du prochain rassemblement, des petits gâteaux avaient été déposés sur les tables, petite délicatesse de nos sympathiques hôtes.

Tant de stimuli pour nos sens, de nouvelles notions pour notre mémoire, de questions soulevées à notre foi … si nous ne pouvons réaliser tout le changement qui s’est opéré en nous en ces quelques deux heures qu’a durées la visite, une chose est certaine, c’est que la sagesse de cette tradition n’a pu laisser personne indifférent.

Rappelons que la Route de la Paix, qui nous a menés à la rencontre de nos frères et sœurs musulmans, Abénakis, juifs et bouddhistes, est une initiative du Comité diocésain des rapprochements interreligieux (CDRI). 

Yvonne Demers pour le CDRI
Comité diocésain des rapprochements interreligieux. 
Visite à la synagogue, octobre 2009

 

Aux racines de notre foi

Le vendredi 30 octobre dernier, environ 75 personnes traversaient les ponts pour se rendre au Temple Emanu-El-Beth-Sholom, sur la rue Sherbrooke à Montréal. Elles étaient invitées conjointement par le Comité diocésain des rapprochements interreligieux (CDRI) du diocèse de Saint-Jean-Longueuil et par Madame Judith Bougaïeff, membre de la communauté juive qui s’y réunit. Dans le cadre du projet Route de la Paix, notre troisième escale nous branchait sur les racines de notre foi, au cœur même du judaïsme.

La soirée a débuté par une visite guidée de la synagogue, salle principale du complexe communautaire. Une animation simple mais combien intéressante nous faisait découvrir les bases de la foi et du rituel juifs ainsi que les quatre éléments constitutifs de toute synagogue : la Torah(1) transcrite à la main en hébreu sur des rouleaux de parchemin; ceux-ci reposent, enveloppés dans leur chic manteau, dans l’Arche ou Tabernacle (aron Kadesh) (2), endroit sacré et vénéré, veillé en permanence par le feu de la Lumière (3) et, finalement, la bimah (4) sorte de  plateforme où on lit la Torah.

La communauté juive qui nous accueillait est dite « libérale ». C’est ainsi que hommes et femmes peuvent participer ensemble aux offices religieux et se partager les différents services. Nous avons pu le constater lors de l’office d’ouverture du shabbat qui a suivi la visite guidée. Une célébration tout en chants, bénédictions et louanges avec comme élément central, la lecture en hébreu d’un passage de la Torah. La présidence du rabbin, très décontractée, a laissé place à beaucoup de participation de la part de l’assemblée. Plusieurs personnes (au moins une quinzaine) ont été invitées à entourer le lecteur, un jeune homme d’une quinzaine d’année, pour faire les bénédictions prévues au rituel et tout cela en dialogue chanté avec toute l’assemblée. 90 minutes qui ont passé très vite mais qui ont surtout démontré aux chrétiens et chrétiennes présents combien notre propre liturgie d’action de grâces puise à la richesse de la religion de nos ancêtres dans la foi.

La soirée s’est terminée enfin par Oneg Shabbat, « le plaisir de Shabbat », une petite réception toute simple où on pouvait échanger avec les membres de la communauté d’accueil.

Témoignages

[blockquote]« J'ai beaucoup apprécié les informations données par Judith. Sa remarque sur la manière non fondamentaliste  d'interpréter les textes me disposait favorablement à l'écoute de la suite.  Tout venait confirmer, une autre fois, l'origine spirituelle du christianisme: les juifs sont bien nos soeurs et nos frères aînés dans la foi. Tout au long de la liturgie du shabbat, je ne pouvais m'empêcher de faire des rapprochements avec notre célébration eucharistique. La lampe suspendue sous la voûte céleste nous rappellant que Dieu perce encore la nuée de son mystère pour se rapprocher de nous. Il est Parole vivante au milieu de son peuple, y plantant sa tente, son tabernacle. Nous catholiques,  redécouvrons actuellement l'importance de la Présence de la Parole-Bible, après avoir tellement insisté sur la Présence-Pain, avec parfois des dérives dévotionnelles qui continuent de me mettre mal à l'aise.  Un jour, saint Augustin , il me semble, après avoir passé la communion se faisait reprocher d'avoir laissé tomber des miettes sur le sol. Il eut cette réplique: « et vous, vous avez laissé tomber par terre, de gros morceaux de la Parole, pendant les lectures »

« Il est évident que Jésus s'est inspiré du kaddish pour le Notre Père. À cet égard, il serait intéressant d'en faire une étude comparée; d’ailleurs cela doit être déjà fait.»

« Les prières de bénédiction et de louange ne sont pas sans nous rappeller le sens premier du mot eucharistie: notre prière eucharistique est structurée de cette façon. (Mais la piété populaire catholique me semble plus axée sur la demande que sur la louange.) En fait, notre célébration eucharistique est une combinaison des deux célébrations du shabbat: celle en famille sous son aspect repas, notamment le partage du pain et du vin, et celle de la synagogue qui déploie la liturgie de la Parole.»
« S'il y a un souhait que nous avons aussi en commun dans nos liturgies, c'est celui de la paix qui revient à plusieurs reprises et qui conclut nos deux célébrations: Shabbat shalom et Allez dans la paix du Christ Une question: quel sens a le geste de se tourner: était-ce vers Jérusalem, ou vers l'Orient, du côté de la lumière à venir?» 

« Voilà mes réflexions judéochrétiennes. »
Rémi Bourdon, responsable diocésain de la catéchèse de toute la communauté[/blockquote] [blockquote]

À toute l’équipe du CDRI,
Nous tenons à vous remercier pour l’excellent moment de rencontre avec le Judaïsme organisé par votre comité. On ne dira jamais assez les absents ont tort. L’heure passée à la synagogue Emanu-El-Beth Sholom et la présentation faite par Mme Bougaïeff a été une heure de consolidation, de renforcement de nos savoirs et un apprentissage de nouvelles connaissances. Sur la route de la paix devrait être complété par Pour une meilleure connaissance de l’autre

« Nos félicitations et à une autre rencontre encore pleine de nouveautés. »
Leila Lesbet & Ferid Chikhi[/blockquote] [blockquote] 
« J'ai beaucoup aimé la visite de la synagogue. C'était ma quatrième visite dans une synagogue, la deuxième à cet endroit. C'est la première fois que les explications sont aussi claires et données avec autant de bienveillante hospitalité; approcher et voir la Torah de près était un moment phare. Merci Judith! 

Et que ce nous soit une inspiration pour les visites organisées dans les églises qui sont des joyaux du patrimoine. D'autres points peuvent nous inspirer en Église: les bancs confortables; le sens de l'hospitalité (jusqu'à laisser parler, dans l'homélie partagée, l'étranger qui parle français!), le sens de la beauté dans la liturgie (quel chant!)et surtout, le dynamisme et la connexion à la vie de l'homélie partagée.

Judith a fait une remarque sur la bénédiction des objets (plutôt que de l'Éternel en action de grâce pour les choses dans le judaïsme). J'ai perçu cela comme une interpellation à la conversion de la pastorale dans les sanctuaires (Judith a visité à l'occasion, et invité des amis au sanctuaire du Cap). Évidemment, nous savons que les choses bénies ne deviennent pas des idoles, mais parfois nos comportements peuvent faire penser le contraire. »

Les bémols:

  • dommage que l'espace musée n'était pas ouvert. Un prétexte pour retourner, personnellement? 
  •  une remarque de Judith montre qu'elle connait le christianisme en partie à partir du protestantisme: par exemple, cette idée que le dimanche, les activités plaisantes sont prohibées: c'était le cas pour le cinéma, pour les protestants (alors que le travail était permis). Sur cette question, le dimanche catholique traditionnel est plus proche du sabbat. Une invitation au dialogue aussi dans l'autre sens? 
  • tous les irritants des autres visites que j'avais faites aux synagogues ont été enlevés ou n'existent pas dans cette synagogue: la fouille à l'arrivée, les passages de la liturgie ou du discours même théologique qui incitent au soutien de l'État d'Israël contre les Palestiniens, la très longue lecture des Écritures pendant laquelle les fidèles se promènent, bavardent et se rencontrent; les séparations entre hommes et femmes. 

On ne peut pas déduire de cette visite un portrait général du judaïsme. Bref: cette visite m'a grandement aidée à reconnaître et à trouver concrètement comment les Juifs sont nos frères et nos soeurs aînés dans la foi. Merci! 

Louise Royer
Adjointe au secrétaire général - rapports interculturels et interreligieux. Assemblée des évêques catholiques du Québec [/blockquote]
[blockquote]"Merci de votre belle invitation! Agnès, Jean et moi avons été heureux, intéressés et captivés! 

Je parle maintenant pour moi:
Le lieu: ce temple est beau et impressionnant par son architecture, ses fantaisies, les trésors qu'il recèle. Tout le centre est magnifiquement pensé avec musée, salles de réception, etc, pour être polyvalent et auto-suffisant. C'est génial. On me dit que les synagoges à Jérusalem sont parfois très pauvres et sans apparat. On semble garder ici les trésors à l'abri des conflits. On sent une société organisée, civilisée, efficace, ardente. 

Les gens: accueil organisé, (vestiaire), répartition des tâches. Beau coup d'oeil de ceux qui portent les châles de prière. J'ai regretté qu'on interrompe les confidences de celui qui devient un vieillard vénéralbe, Goldbloom, qui nous entretenait spontanément. La parole lui fut remise à la fin. La dame des lieux nous a fait une revue historique et une présentation intelligente et ouverte. Nous sentions qu'elle aurait pu prolonger davantage animée d'un beau zèle.Touchant, cet ado à la voix muante, dans son année de Bar-Misva. La chanteuse, outre qu'elle a une voix juste et agréable, nous a livré de très beaux airs. Le pianiste soutenait agréablement. Et la petite chorale répondait. Impression de joie religieuse artistiquement vécue.

La parole: celle que nous connaissons comme chrétiens, celle qui fait aussi notre nourriture. Nous nous sentons bien. Ne sommes-nous pas des sémites spirituels (Pie XII). Nous avons en commun l'Hosanna, l'Alleluia, l'Amen, la hesed, la shekena... et bien d'autres. Portant des sens différents sans doute. Touchée par la conservation, le respect et l'honneur rendus à la Torah lorsqu'on la sort et la promène et que les fidèles la touchent et se signent. Il y aurait beaucoup à connaître de l'histoire de chacun de ces livres conservés dans ce tabernacle.

Et encore plus!!! Occasion de sentir un peu plus, ce que c'est un Peuple d'Exode moi, nomade depuis 40 ans en Afrique et ici...et qui compatis aux angoisses des immigrants! Je suis avec intérêt, lorsque j'en suis informée, le beau programme du CDRI. Je vous félicite. Le diocèse a bien fait de reconnaître votre existence et vos réalisations. 

La paix, oui la paix, c'est le don de Jésus!
en grande solidarité,
Pierrette Pelletier[/blockquote]

Visite à Odanak, avril 2009

 

Halte chez les Abénakis - spiritualité amérindienne

 Pour la plupart des  87 personnes présentes, ce samedi 25 avril, c’était le tout premier pique-nique de la saison. Assises dans le parc, face à l’église St-François-de-Sales, au bord de la rivière St-François, elles étaient les hôtes des nos frères et sœurs abénakis à Odanak (entre Sorel et Nicolet) pour la célébration du Jour de la Terre.

Cette excursion en territoire autochtone était la 2ème halte du projet Route de la Paix organisé par le Comité diocésain des rapprochements interreligieux (CDRI), la première étant la visite à la Mosquée Al Quba de Brossard. Le comité est grandement reconnaissant envers Madame Nicole O’Bomsawin qui a su mobiliser des membres de sa communauté pour nous partager un peu de leur culture et de leur spiritualité.

Au programme de la journée: un goûter à la bannique, pain typiquement amérindien, préparé par une jeune femme de la réserve, un Hommage à la Terre, rite religieux présidé par le porteur de calumet, homme reconnu par sa communauté comme étant capable de transmettre le savoir et les traditions, une visite au Conseil de bande pour les commentaires historiques, politiques, juridiques et économiques, une visite au Musée des Abénakis pour entrer dans le récit de la création selon la foi abénakise et pour en apprendre davantage sur le mode de vie très collé au rythme des saisons. Enfin, le Jour de la Terre a été magnifiquement célébré lors de l’Eucharistie, présidée par le prêtre de la paroisse, M. Pierre Houle; mariage harmonieux de la tradition chrétienne et celle des Premières Nations. Louange au Dieu créateur d’une part mais forte interpellation d’autre part, à respecter, cultiver et préserver cette création confiée à notre gérance.

Odanak signifie « chez-nous » en langue abénakise. On peut dire sans exagérer que la majorité des personnes présentes se sont vraiment senties « odanak » en ce beau samedi de la nouvelle année autochtone –traditionnellement, l’année s’ouvre avec le mois lunaire du retour des oiseaux migrateurs- c’est donc au printemps que les amérindiens échangent  les voeux de bonne année...

" On hal da ma wi Kassi pali lawaolan Pardonne-moi si je t'ai fait de la peine  dans l'année qui vient de passer. nke si dalda moulmaintenant je nous souhaite à tous les deux, Wli ngwe dzi gaden une bonne nouvelle année !"

Le « Notre Père » adapté pour le Jour de la Terre

Notre Père,
Que ton nom soit sanctifié par notre façon dêtre et d'agir.
Que ton règne vienne par notre façon de vivre ensemble le partage des richesses qui nous différencient.
Que ta volonté soit faite par notre façon de nous accepter, de nous faire renaître continuellement et quotidiennement.
Pardonne-nous nos offenses quand nous faisons des pas de réconciliation avec les nôtres, avec Toi mon Dieu, avec nous-mêmes, et tout simplement avec la vie.
Rends-nous forts ensemble pour témoigner de Toi dans notre société de consommation, qui peut parfois nous endormir.
Et enfin, délivre-nous de nos peurs, de nos inquiétudes, de nos lassitudes.
Fais communautairement de nous des témoins de ta joie dans notre milieu de vie et de travail et apprends-nous, Seigneur, que nous pouvons être solidaires, même sur le douloureux chemin de nos différences.  AMEN !

Nawa, nawa, nawa !  (Viens, viens, viens !)

C'est  un appel au Grand Esprit pour obtenir de la force et du  du courage.  On lui demande  de se souvenir de nous surtout dans nos moments de faiblesse et d'impatience.

[blockquote]J'ai passé une très belle journée. La température ensoleillée, le beau décor et le contact avec cette autre façon de vivre et de prier Dieu m'a permis de réfléchir et d'approfondir ma foi . Dieu se révèle à travers tous les peuples. Nos frères et soeurs abénakis m'ont fait découvrir une saveur particulière; la nature et le respect de la création deviennent prière et s'harmonisent dans la mentalité de ce beau peuple . Nicole O'Bomsawin est une femme de communication hors pair. J'ai aimé leur collation à la banique, leurs chants et l'hommage à la terre. La messe et la visite du musé m'ont ravie et je me suis sentie près de ce peuple.  Ce fut un très beau moment de rapprochement et de retour aux sources de vie. Le sens de la communauté est fort. Bravo pour leur accueil et leur partage. - Témoignage d'une participante[/blockquote]


Visite à la mosquée: novembre 2008

Des catholiques à la mosquée Al Quba

 Près de cent cinquante catholiques se sont rendus à la mosquée de Brossard, le 16 novembre dernier. Ils sont venus de partout : Brossard, Longueuil, Saint-Hubert, Varennes, Boucherville, Carignan, Saint-Constant, Saint-Bruno,  Saint-Jean, Lacolle, Greenfield-Park, Saint-Basile, Saint-Lambert, Saint-Amable, Sainte-Julie, etc.

Le comité diocésain des rapprochements interreligieux salue avec reconnaissance le formidable travail des catéchètes et des équipes pastorales qui ont si bien relayé l’information et fait la promotion de cette activité interreligieuse.

Reconnaissance également à nos deux personnes ressources : M. Nabil Warda, de la communauté musulmane et M. Foudil Selmoune, nouvel imam à la mosquée de Brossard.

« On ne peut pas juger de la valeur d’un homme avant d’avoir marché  deux lunes d'affilées dans ses mocassins.» (proverbe indien)

C’était bien peu 90 minutes de rencontre pour chausser les mocassins de l’autre… d’autant plus que musulmans ou catholiques, nous devions tous les laisser à la porte : c’est la règle pour entrer à la mosquée !

Ce fut quand même l’occasion d’un rapprochement significatif, selon certains témoignages reçus. Grand MERCI  à ceux et celles qui nous ont fait parvenir leurs sons de cloche concernant cette visite à la mosquée. Nous avons choisi de publier les plus représentatifs.

[blockquote]« J'ai bien aimé cette visite. J'y ai découvert un sens du sacré et de la prière qui semble de plus en plus effacé dans notre pratique catholique. Des gens super sympathiques, des frères. Un lieu de prière pur et sans artifice, une voix tournée vers l'indéfinissable, des gestes où le corps tout entier participe. Voilà des éléments qui restent dans ma mémoire. J'ai hâte à la prochaine! » - Jean Pierre[/blockquote]

 [blockquote]« Je ne peux pas dire que le « légalisme et le ritualisme »  de cette religion m’inspirent beaucoup. Du moins, ce que j’en ai vu.  Je ne peux pas accepter non plus leur vision de la femme. Je crois cependant qu’elle est surtout liée à leur culture. J’ai plusieurs amies et amis musulmans qui sont très croyants et pratiquants, je les trouve beaucoup plus ouverts. J’ai eu le sentiment que cette facette de l’Islam ressemblait au catholicisme d’il y a 50 ans, sans l’intelligence de la foi qui permet de chercher Dieu au-delà de la lettre !  Celui qui nous expliquait les choses avait l’air plus nuancé  mais les musulmanes à qui j’ai parlé après la rencontre me semblaient  plutôt rigides et peu enclines à discuter. Je dois dire cependant que cette visite fut positive pour moi car  au-delà des différences et de mes réserves, je retiens que ces gens sont sincères et j’admire leur sens du sacré et de la prière. Au fond, il y a des groupes plus ou moins ouverts dans toutes les religions. » - Nathalie[/blockquote]

[blockquote]« J'ai très apprécié cette rencontre. C'était une belle présentation de leur célébration et de la vie à l'intérieur de la Mosquée. Il y avait de la simplicité, du dépouillement et de la bonté. » - Agathe[/blockquot

 [blockquote]
« C’est triste ce repli identitaire chez les musulmans depuis le fameux 11 septembre. On dirait qu’ils sentent le besoin d’affirmer surtout les côtés fondamentalistes de leur religion. Cette visite à la mosquée nous invitait à laisser préjugés et idées reçues dans la soute à bagage. C’est tant mieux car  nous avons vu des femmes (pas beaucoup)  et des hommes qui vivent sincèrement leur religion et qui méritent notre respect.  Les catholiques n’aiment  pas porter tous les péchés  de l’histoire de leur religion sur leurs épaules, les musulmans  non plus! Bien sûr, des irritants demeurent pour moi face à cette religion mais je sais qu’il ne faut pas tout mettre dans le même panier… j’en suis encore plus convaincu.  Prenons donc ce qui peut nous aider les uns les autres dans la recherche de l’Absolu et laissons l’évolution suivre son cours pour tout le monde : on peut faire dire n’importe quoi au Coran comme à la Bible. On peut également trouver la lumière partout où on la cherche. » - Sébastien [/blockquote]

[blockquote]« J’ai beaucoup apprécié cette visite. Ça m’a permis de comprendre un peu plus cette religion et de me faire une idée par moi-même. Très belle initiative et j’aimerais dans le futur assister à d’autres activités comme celle-là » -  Céline[/blockquote]

La vigile spirituelle interreligieuse pour la paix

Pour la paix, il n’y a pas de petites semences

La vigile spirituelle pour la paix, qui s’est tenue le 21 septembre dernier, journée internationale pour la paix décrétée par l’ONU, avait pour thème Semences de Paix. Elle a rassemblé environ 90 personnes à l’église St-Georges de la paroisse Le Bon Pasteur à Longueuil. L’activité interreligieuse accueillait des témoins de trois confessions différentes auxquels il avait été demandé de répondre à la question suivante : comment, dans chacune de nos traditions, éduquons-nous les enfants à la paix?

Monseigneur Lionel Gendron, évêque hôte, nous a rappelé que la paix prend sa source dans le cœur de chacun et qu’elle implique d’abord et avant tout une conversion personnelle. Le témoignage chrétien était donné par monsieur Maurice Rainville, prêtre du diocèse, directeur du Phare de Longueuil. Les jeunes rejoints par l’organisme sont sensibilisés au fait qu’il ne peut y avoir de paix sans justice, compassion et gestes concrets en faveur  des marginalisés et des laissés pour compte de la terre.

Madame Harani Thillainathan, une jeune hindoue très impliquée dans sa communauté, a livré avec enthousiasme et conviction son témoignage. Par le chant et les histoires de sa tradition, elle enseigne aux enfants les valeurs humaines dont celles de la paix et de la tolérance.

Fidèle collaborateur du comité diocésain des rapprochements interreligieux, Monsieur Jonathan Slater, de la communauté juive, nous a d’abord salués par le Chabbat chalom. Aux premières heures du sabbat, en ce vendredi soir, et au début de la semaine précédent la grande journée de repentance qu’est le Yom Kippour, monsieur Slater nous a amenés aux fondements même de la paix, le grand commandement de l’amour, règle d’or de la Torah. L’étude de la Torah est la base de la formation morale chez les enfants juifs.

Pour intérioriser et s’unir aux divers témoignages, une jeune étudiante de l’école Mgr A-M Parent, Laurence Labelle, nous a offert des morceaux de son choix à la flûte traversière. Véritables moments de grâce.  

Les participants à la soirée ont ensuite été beaucoup touchés par la prestation de la chorale des Petits chanteurs de Boucherville dirigée par madame Amélie Duhaime. Les deux morceaux choisis, extraits du film Les Choristes, annonçaient, comme en écho, des fruits de toute semence de paix : Sens au cœur de la nuit… Est-il vérité plus douce que l’espérance?

Pour la paix, il n’y a pas de petites semences. C’est notre foi, notre espérance. Et, pour le concrétiser dans un geste symbolique, chacune des personnes présentes a été invitée à semer, dans une pastille de tourbe, une graine si petite qu’on avait du mal à la manipuler. Avec soin et attention, cette semence minuscule germera et deviendra ce beau plan de basilic trônant au centre du visuel, une colombe de paix éclairée par les bougies de l’espoir.

Rappelons en terminant que l’activité était sous la responsabilité du comité diocésain des rapprochements interreligieux (CDRI) qui, depuis 7 ans maintenant, organise des expériences de connaissance et de rapprochement entre nous et nos frères et sœurs de confessions différentes. 


Yvonne Demers
pour le CDRI

Samedi le 20 septembre 2008 à la cocathédrale Saint-Antoine de Padoue


 

1. Mille colombes de Mireille Mathieu interprétée par la chorale Les Myosotis 


2. «Que la paix soit sur le monde pour les cent mille ans qui viennent…donnez-nous mille colombes à tous les soleils levants » 



3. Allocution d’ouverture par Mgr Jacques Berthelet 

Allocution d’ouverture par Mgr Jacques Berthelet lors de la Vigile interreligieuse pour la paix à la cocathédrale Saint-Antoine-de-Padoue, le 20 septembre 2008

[blockquote] Chers amis, « Que la Paix soit sur le monde pour les cent mille ans qui viennent...» N’est-ce pas le vœu qui nous rassemble ici ce soir?

Je remercie le curé de cette paroisse, l’abbé Yves Le Pain, président du comité diocésain des rapprochements interreligieux et les membres de ce comité d’avoir préparé avec beaucoup d’enthousiasme et d’ingéniosité la rencontre de ce soir. Je remercie aussi tous ceux et celles qui y contribuent et y participent. Alors que nous célébrons le 75e anniversaire de notre diocèse, nous avons voulu que cet événement fasse partie de nos fêtes, conscients que nous ne sommes pas les seuls chercheurs de Dieu et que les rapprochements que nous faisons, la reconnaissance mutuelle que nous nous accordons, ne peuvent que contribuer à un monde où la paix puisse prendre place à demeure.

Ce que nous célébrons ce soir est une vigile, une veillée donc, une veille. Non seulement parce que demain est la journée internationale de la paix, mais parce que nous attendons la paix, nous la cherchons, nous sommes des guetteurs de la paix, des vigiles de la paix. Elle est à venir, nous y travaillons, à notre mesure.

La paix est au cœur du message et de la mission de chaque religion. Voilà pourquoi nous nous rapprochons, nous nous disons nos convictions, nos projets. Voilà pourquoi nous cherchons à faire route ensemble pour la paix. Mais quelle paix ? La paix dans nos cœurs d’abord. La paix intérieure, la paix au-dedans de nous. La paix dans nos familles, la paix dans nos communautés; la paix dans nos cités et nos pays, et finalement la paix entre les nations.
Chaque geste que nous posons, chaque attitude que nous développons dans nos relations quotidiennes peuvent contribuer à la paix dans le monde. Chaque fois que nous nous rassemblons pour prier pour la paix, un pas de plus est fait pour la paix; chaque fois que nous accueillons le pardon ou que nous le donnons, un pas de plus est fait pour la paix. Chaque fois que nous oeuvrons pour la justice, nous travaillons pour la paix; chaque fois que nous créons plus d’harmonie dans la nature, dans le respect de la création, nous bâtissons la paix. Chaque fois que nous nous mettons à l’écoute les uns les autres, comme nous le faisons ce soir, nous devenons des vigiles de la paix. La paix n’est plus un rêve, une utopie, elle prend la voix des enfants qui chantent, elle prend le visage de chacune et chacun de nous, elle porte nos noms, elle emprunte nos routes.

Voilà pourquoi cette rencontre interreligieuse, cette vigile de la paix est si importante et nous procure déjà la joie. Avec un cœur qui écoute, nous allons maintenant entendre les te?moins qui nous font l’honneur et la joie de nous guider sur les routes de la paix. 

MERCI ![/blockquote]

4. Mieux vaut allumer une bougie que maudire les ténèbres 

Un geste symbolique d’engagement pour faire avancer la paix là où nous avons les pieds 

 

 

 

5. La route de la Paix (paroles et musique de Jacques Morin) 

[blockquote]Ref : La route de la paix, se construit chaque jour
À coup de cœurs, à coup de mains 
À coup d’espoirs, à coup de pain! 
La route de la paix nous mène à l’Infini
Pressons le pas, dès maintenant, 
La paix soit entre nous!

Des sages, des prophètes, en tous temps, en tous lieux 
L’ont recherchée sans cesse, au prix fort de leur vie 
Refusant la violence, la haine, le mépris 
Ils ont choisi la voie intérieure de paix.

Des hommes et des femmes blessés, meurtris, défaits 
Ont invoqué leur Dieu, ensemble et en secret 
« Nous engendrons la guerre bien mieux qu’une prière 
Accorde-nous, ô Maître, quelques instants de paix! »

Que toutes les nations, les Grandes, les Premières 
Enterrent leurs fusils, se penchent vers la terre 
Surgiront les épis, les blés de l’alliance 
Justice et paix s’embrassent, s’ouvrent des cieux nouveaux![/blockquote]


6. Un temps d’intériorisation et de prière personnelle: les intermèdes musicaux par Marie Boucher Meunier et Jacques Morin 


7. « Faites un jour que tous les hommes redeviennent des enfants » 



8. Des témoins qui nous font l’honneur et la joie de nous guider sur les routes de la paix. 


De gauche à droite sur la photo : Jonathan Slater(Judaîsme) Ferid Chikhi et Leïla Lesbet (Islam) Priyamvada Sankar (Hindouisme) Tan Hong Nguyen (Bouddhisme) Nicole O’Bomsawin (spiritualité autochtone) Yves Le Pain (Christianisme) Fatima Houda-Pepin (Première Vice-présidente de l’Assemblée nationale) Bernard Drainville (député de Marie-Victorin)

 

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